L’art est complexe dans son essence, il a des couleurs, des dimensions, des codes plus ou moins décryptables selon notre capacité à percevoir. Chacun de vous aura surement son mot à dire sur telle ou telle musique qu’il écoute, ce mot-à-dire peut une larme, un rejet, une peur, un sentiment, une émotion, un acte ou même un groupe de mots verbaux.
Oui ! La musique se comprend, mais pas de la même façon chez tous. Il fallait faire tout cet avant propos pour introduire le sujet sur « Sweet sexy » d’Adango Salicia. Titre relativement décroisé au contexte, artistiquement profond, contextuellement transversal, subliminale- ment lourd , difficilement digestif et idéologiquement féministe et très développé. Oui ! développé à tel point que son trop bien peut être son trop mal. Après c’est une question de gout.
Une musique, une chanson inhabituelle pour le commun
Elle ne l’a pas inventée, le jazz existe depuis, mais dans l’époque que nous vivons, le ramener avec ses codes puristes dans un contexte camerounais, ça reste surprenant. Soigneusement fait, la musique se sweet sexy a bénéficié de l’expertise de trois producteurs à savoir Dj Kriss, Kim Prod et L’a’croche. Du slow jazz, le morceau contient une musicalité très forte.
Le morceau « Sweet sexy »
Elle chante, elle puise dans elle, elle grince comme un chat ou comme une tigresse. Du chant sensuel, profond, technique, emportant. Voilà ce qu’on perçoit lorsqu’on écoute le chant d’Adango sur ce morceau. Des transitions vocales partant de la douceur à l’agressivité, du slow et rock style. C’est d’une oreille avertie qu’il faut vraiment apprécier cette façon bizarre de faire l’art.

La femme dominatrice.
Chanté en anglais, dans ce titre, Adango parle de sexe avec un ton de revendication féminine, une plongée dans la séduction. Mettant en exergue la soif, l’envie et le désir. Dévoilant l’animosité animant la femme qui réclame du sexe. Elle se met dans la peau d’une affamée de sensations qui tient les rennes en voulant que l’homme qui l’aborde soit en hauteur de la combler. « Baby, i’m so taste, why you don’t want give my think ? Press my body !… I want you to touch me…». Des interjections piquantes et sensuelles qu’on retrouve dans son texte.
Un clip osé, avec une direction artistique poussée.
C’est une figure de style imagée qui est faite dans ce clip vidéo. Les détails sont mentionnés dans les illustrations qui montrent le coté sombre ou alors profond enfouit en nous. Représentant l’homme ici comme un animal qui suit son instinct et la femme comme celle qui veut se laisser aller avec méthode, et cela jusqu’aux extrêmes.
L’art plastique et la chorégraphie sont mis en valeur dans le clip. La banane et le serpent mboma sont le symbole du pénis de l’homme. Une façon de dire qu’elle veut l’homme viril. La nudité d’ensemble traduit bien sûr l’avant acte et la mise en condition.
Le réalisateur a aussi associé la passion musicale de la chanteuse à sa passion sexuelle. Au début clip, on voit cet homme tout nu avec la guitare bass qui cache son sexe. Ces hommes aux faces d’animaux affamés de gibier. Puis, on voit ces femmes qui en habits de chasseuses qui sortent deux micros dont l’extrémité basse est un poignard. C’est une représentation de la chasse à l’Africaine. Le scénario est vraiment une conjugaison de métaphores.

Ce langage, mais pour quelle cible ?
Mettez le morceau en boucle lors d’un acte sexuel, avec votre partenaire et laissez vous aller, vous comprendrez. C’est dans cet état d’esprit qu’est Adango en le faisant.
Pourquoi aller aussi loin ? Juste parce qu’elle veut dire ce qui brule en elle ou alors pour vraiment transmettre quelque chose aux gens ? Lorsqu’on tient compte du contexte de consommation, on peut oser percevoir cela comme de l’abstrait, déjà à cause du style totalement américain, du jazz puriste, le manque d’identité et d’origines, le texte en anglais. Voilà tant de choses qui peuvent déjouer les pronostics de l’œuvre. Qui est sa vraie cible ? Notons que la vidéo est déjà censurée par quelques médias locaux.
Rappelons qu’ADANGO est d’origine Gabo-Camerounaise, et est l’une des anciennes choristes d’Ekambi Brillant. Elle évolue depuis quelques années avec le collectif Hiphop développé. On ne va pas lui attribuer un style particulier car, chacun de ses singles la présente dans un style différent de l’autre. « Sweet sexy » est le 3e extrait de son 1er album « Trendition » qu’elle annonce pour bientôt.
Découvrez « Sweet sexy », mais écoutez avec beaucoup de concentration.