La musique en tant que métier s’appuie sur plusieurs modèles économiques. Depuis toujours dans le monde les canaux de rémunération sont assez nombreux, les plus connus étant la vente de disques, les spectacles et le droit d’auteur. Mais à coté de voies d’entrée d’argent, il existe d’autres moyens à l’instar du placement de produits, la synchronisation, l’événementiel, le brand content ou encore le brand endorsement.
Avec la venue de l’internet qui a réduit le pouvoir des ventes des disques des artistes; avec le changement de la consommation, de l’entertainment, et du business autour de l’industrie musicale; les maisons de disques aujourd’hui ont décidé de miser sur les méthodes citées haut afin d’assurer leur survie. Leurs clients dans cette perspective bien-sur sont désormais les marques et les entreprises.
Endorsement deals
Le Brand-endorsement consiste à faire d’une personnalité (Footballeur, Journaliste, artiste…), l’ambassadeur ou l’égérie d’une marque sur une certaine durée. Les artistes grâce à leur popularité, leurs valeurs ou alors leur registre, les artistes sont sollicités par les marques pour devenir leurs égéries. Cela bien-sur est une action marketing qui permet de renforcer le sympathie et la visibilité de la marque. Les maisons de disques telles que Universal Music et Sony Music font des entrées à partir de ce moyen. Parmi les récents « Endorsement deals » de la musique aux USA et en France, on peut énumérer les partenariats suivants : Taylor Swift avec la boisson Coke. Kanye west avec Adidas, Drake avec Sprite, MHD avec PUMA, Maitre gims avec Smule pour ne citer que ceux là. De même, au Nigéria on a des cas tels que Yemi Alade qui a développé autour d’elle un potentiel attractif autour d’elle à tel point que les marques se bousculent pour en faire d’elle une égérie (NairaBox, América Beauty Care, Close up, Breezer ..). En Afrique du Sud, le rappeur Cassper Nyovest est devenu égérie de la marque CIROC grâce à ses exploits en concert indépendant.
L’endorsement Marques-Artistes au Cameroun
Ce n’est pas une pratique d’aujourd’hui. Meme si les cas d’endorsement ont été plus courants dans le Sport que dans la musique au Cameroun. Mais, depuis 2014, le brand endorsement deal devient chose courante dans la musique Camerounaise. Il y’a 10 ans ce n’était pas le cas. Aujourd’hui ce n’est plus seulement un Eto’o, un Rigobert Song ou un Alexandre song que l’on verra sur les campagnes des marques et produits au Cameroun. Les artistes sont approchés pour valoriser et porter un concept, une marque. Aujourd’hui le brand endorsement prend une place considérable dans la carrière des artistes. Depuis 2015 en particulier, il devient habituel de voir des campagnes publicitaires avec les images des artistes écumant les paysages des villes au Cameroun. Voici quelques cas :
Mutzig Star 2017 (Dynastie le tigre, Salatiel, Daphne)
Pour le lancement de la 27ème édition du concours national Mutzig Star organisé par la marque Mutzig des Brasseries du Cameroun, l’entreprise s’est servie des images de Salatiel, Dynastie et Daphne. Une campagne d’images et spot pub, accompagnée de messages incitatifs appelant les candidats à s’inscrire et le public à participer.
Itel Mobile & Mr Leo
En 2017, Itel mobile signe un partenariat avec Mr Leo pour devenir l’égérie de leurs produit. Choix basé en particulier sur les valeurs qu’incarne l’artiste et la ligne suivie dans ses musiques.
CCA & Charlotte Dipanda
La micro finance CCA (Crédit Communautaire d’Afrique) est en partenariat depuis 2015 avec l’artiste Charlotte Dipanda qui en est l’égérie. Elle est associée à toutes ses campagnes publicitaires (Spot et Affiches). Cela avec des messages incitatifs qui semblent parler directement à la cible de Charlotte, cible visée par la marque.
Stanley Enow Guiness Cameroun
C’est l’un des plus gros endorsement faits en terme de branding au Cameroun. Dans cadre du projet Made Of Black de la marque Guiness, Stanley Enow est en 2014 choisi comme ambassadeur, mais aussi l’égérie du concept. Un contrat qui va durer 02 ans parsemés d’une grande campagne d’affichage et d’un ensemble d’actions promotionnelles.
Malta Tonic & Tenor
C’est le brand endorsement le plus récent. Tenor, ambassadeur et égérie de la boisson Malta Tonic. Alors que le produit avait du mal à se positionner sur le marché, il a repris de vitesse et de la crédibilité grâce à cette action. La popularité de Tenor, son image, sà personnalité et bien-sur, la cible que sa musique touche à savoir les jeunes. Une Campagne d’affichage est d’ailleurs lancée dans tout le pays avec des messages qui intègrent le slogan de Tenor, mais accaparé par la marque. « Je bois le way je ya mo »
Bicec et Stanley Enow
Pour célébrer ses 55 ans en 2017, la banque Bicec a sollicité Stanley Enow. Au delà de son image, c’est surtout son contenu qui a joué en sa faveur. « Soldier like my papa », titre du 1er album du rappeur. Titre dont la Bicec s’accapare pour toucher les jeunes « Je suis client Bicec , comme mon père ». Action qui donne une certaine fraîcheur à la Banque de part l’image style urban que possède Stanley sur les affiches publicitaires.
Planet & X-Maleya
Tout récemment en février 2018, la marque Planet travers l’entreprise Source du pays S.A a fait du groupe X-Maleya ses ambassadeurs. Un contrat qui très lourd en termes de chiffre alors dans l’ordre de centaines de millions de FCFA. D’après les explications données par les responsables de l’entreprise, le choix porté sur X-Maleya repose sur une démarche conforme à la vision de la marque. Le X-Maleya réunit plusieurs tranches d’âge autour de leur musique. Toute la famille peut les écouter du parent au plus petit. Un partenariat qui par lequel le groupe va offrir son image en tant qu’égérie publicitaire pour la marque.
Si l’on peut énumérer quelques facteurs justifiant ces partenariats marques /artistes de musique, l’on a avant tout la popularité, le cote des artistes , la cible, l’image, leur personnalité, et surtout leurs musique et les valeurs véhiculées par ceux-ci. L’on constate à travers ces cas que le partenariat entre les marques /Entreprises et les artistes est de plus en plus pratique au Cameroun. Cela montre que le musique suscite de l’intérêt pour la publicité des produits et surtout que les chanteurs jouissent d’une certaine notoriété locale. Une notoriété qui s’appuie sur le professionnalisme apporté aujourd’hui dans le développement des artistes, notamment sur l’image et la communication. Un nouveau souffle apporté par la jeune génération de musique dite urbaine. Les artistes gagnent de plus en plus une place d’INFLUENCEUR. Ne soyons pas étonnés que d’ici quelques années l’on ait des artistes avec autant de contrats publicitaires que Samuel Eto’o. L’endorsement est donc un des modèles économiques sur lesquels peut reposer la musique Camerounaise dans le futur. Tout comme le placement publicitaire et le brand-content. La musique taille désormais sa part sur le marché des égéries.
