Voila Moi

Dareal : Un MC qui manque au rap Camerounais

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Dareal
Dareal

Entre 2013 et 2015, il était difficile pour les adeptes de hip hop Camerounais d’esquiver les morceaux du rappeur Dareal. Kickeur, trappeur, Mc au vocal lourd et aux vibes tranchantes, il a su donner du kiff. Alors que la trap n’était pas encore très répandue chez nos artistes, Dareal en faisait déjà, avec de très belles performances dans ce sytle. Ayant le vent en poupe, tout comme Teddy doherty, Inna money, son style de rap s’est vite imposé. Il a ramené l’audience du rap Camerounais vers Yaoundé. Mélangeant style kaniri au camfranglais avec quelques gimmick, Dareal avait bien tracé sa route. Il s’est vite fait respecter dans le milieu et partait pour un avenir prometteur. Chaque trimestre, c’était un son lourd de rap, du bon avec du neuf, du Dareal, des vibes, des punchlines et surtout des techniques et une énergie fortes.

En 2014, le site Culturebene le classe d’ailleurs 09e parmi les rappeurs prometteurs au Cameroun. Notons que durant cette période, il y’avait une grosse éclosion du rap Camerounais sur internet,  chacun ayant son style. Le mboko-kainry de Stanley Enow, l’afro sensation de Jovi, le Kwata sytle de spido, le sarcasme de Maalhox, le terre-terre de Franko, le gimmick et le rap champagne  de Teddy et Inna, la trap égotrip de Dareal. Voilà les courants dominants du rap dont chacun avait son public. Chacun avait sa particularité. Celle de Dareal était cette conjugaison entre rap authentique et modernisme en impliquant son existence camerounaise. Technique, bien arrangé en termes de son, le rap de Dareal avait de quoi captiver. Une recette qui marchait plutôt bien pour son public. Entouré d’énergies(Frenchkind , les twittos, les médias online), de fans et d’une communauté, son registre avait été validé.

Revue de la discographie de Dareal.

On ne va pas rentrer depuis ses débuts, mais plutôt commencer par là où il a commencé à se faire valoir.

2013

  • Yaoundé Boss (Paname boss remix)
  • Versace remix (Teddy x Inna money)
  • Jackpot (Mboa tape 1)
  • Omega
  • C’est quoi ton way (Un des morceaux les plus hots que la mboa urban music a connu ces dernieres années. Il aurait pu en faire un très gros tube)

2014 (l’épopée)

  • Frenchkind(Souffrez mourrez)
  • Francoise Foning (La claque en termes de Flow. Ce que Desiigner fait aujourd’hui)
  • Ova ndjoka

Des morceaux tous remarquables dans lesquels on le sentait se re-inventer et pousser. Tant au niveau de l’écriture, qu’au niveau du flow et des styles de refrain.

2015 (la rupture avec frenchkind)

(1X2 +), EP de 06 titres. 

L’un des meilleurs disques que le Rap Camerounais ait connu ces dernières années. Et aussi l’un des plus téléchargés. Il suit directement JOVI avec « Kankwé vol 1 & vol 2 ». Consistant dans le contenu, on avait un Dareal qui s’est montré plus impliqué par ses histoires réelles. Notament dans le titre « Petite pause » où il clashe et revèle les dessous de ses conflits avec l’équipe Frenchkind.

2016 (là ou le ndem commence)

  • Clips « Au sol »
  • Only
  • ça a cuit (produit par le label sonolive)

Un rappeur qui a vite su l’importance du digital pour la musique

Si l’on observe bien, Dareal est le typique du rappeur 2.0 de la première moitié des années 2010. La durée de ses morceaux, leurs contenus, la forme et surtout la communication autour. Il utilisait essentiellement le digital, sur soundcloud, il réussissait déjà à cumuler des milliers de vues. Avec une communauté constituée de la diaspora et des digital’s activ d’ici.  Essentiellement constituée de la génération Y. Il a construit sa réputation sur l’appui de ceux ci et surtout de la marque frenchkind avec qui il était associé, un co-branding qui donnait un crédit assez fort.

Les forces de Dareal

  • Son flow (Toujours 100% synchro à la musique, plein d’énergie)
  • Une signature (C’est ton boy dareal une fois de plus, c’est quoi ton way?)
  • La qualité du son (Ses enregistrements étaient limpides)
  • Internet (Réseaux sociaux et usages des plateformes de musique)
  • La nouveauté qu’il a apporté avec le style trap

Ce qui a tué Dareal

  • L’absence d’une vraie équipe de production

Pour la petite histoire, Dareal s’est séparé de l’équipe Frenchkind en 2015 avant la sortie de son EP. Leur association avait certes un impact, mais le fait d’avoir collaboré avec ceux-ci comme s’ils étaient producteurs l’a ralenti car, il n’a été qu’une égérie. Du coup, le constat était qu’à un moment, Dareal n’évoluait pas en termes de carrière de 2014 jusqu’en fin 2015, il est resté stagnant avec les mêmes fans sans que tout cela ne s’agrandisse.

  • L’adaptation aux convergences dans notre contexte  

Si Dareal a vite compris, l’importance du numérique, il a négligé le traditionnel aussi. Présent sur internet mais peu existant sur le terrain. Ses morceaux ne circulaient pas beaucoup malgré leur écoute sur le net.  Aussi, il lui a manqué de plus développer son rap de telle sorte qu’il puisse l’adapter à l’entendement du public. Non pas de tuer son authenticité, mais de travailler à rendre ses morceaux plus accessibles. Tant au niveau de la création musicale, qu’au niveau des contenus. Il aurait pourtant pu.

  • La monotonie

Oui, une vérité c’est que bien qu’on aimait ce qu’il faisait, dès un moment (A partir de 2016, le rap de Dareal devenait monotone. Sa fan base a commencée à se désolidariser peu à peu tandis que celui-ci ne semblait pas constater. Les

  • L’égarement et le mauvais marketing.

D’après des sources bien renseignées, Dareal n’est un artiste facile à tenir. Il a eu du mal à travailler avec de nombreux labels locaux avec qui ça n’a pas duré. Le label Sonolive qui produisait Franko a jété son regard sur ce dernier. Mais, le couac, c’est qu’on a voulu changer sa musique en lui donnant une direction artistique dirigée vers l’afro trap-pop. Chose qui n’a fait que descendre sa cote. Calomnié par ses fans, Dareal a perdu progressivement son nom. Il a créé sa marque de street wear « Square flow » qui non seulement, est déphasée de notre contexte, et n’a pas capté l’attention. Notons aussi qu’en 2016, Sonolive prod a produit le clip vidéo de Dareal « Au sol » extrait de son EP. Très mauvais choix qui de toute évidence allait passer inaperçu. Le langage, la forme et le contenu ne faisaient pas le poids du point de vue concurrentiel.

Pourquoi cet article?

Par respect, par reconnaissance, par témoignage des exploits et performances de Dareal. Mais, aussi parce que le constat est alarmant, il n’y a plus de MC comme Dareal au Cameroun (Du moins parmi les connus). Percutant, authentique, fort, lourd, des performances comme les siennes on en trouve très peu qui ont du kiff. Malgré que Tenor se bat à fournir des freestyles égotrip de temps à autre, on peut plus féliciter l’originalité que la performance. Jovi allie les deux, mais combien d’autres sont là?  Dareal était le prototype d’un profil de rappeur qu’on aurait pu améliorer pour avoir de quoi faire kiffer le grand public et les adeptes de RAP. Aujourd’hui il fait des sons dont personne n’en fait même un commentaire. Comme quoi le buzz et le public sont ingrats.  Mais bon… Tirons des leçons de son parcours.En espérant qu’il revienne.


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