Il est très souvent commun d’entendre dire que l’on devient immortel lorsqu’on laisse des œuvres de son vivant. Cette phrase reprend tout son sens quand on parle de Fhish. De son vrai nom Mbonjel Lesly Aponglen, Fhish était un chanteur et compositeur camerounais né dans la région du Nord-Ouest, à Bamenda. Il est décédé dans la nuit du 23 au 24 décembre2021 dans un accident de circulation sur la route Buéa-Tiko. Sa mort a touché l’ensemble de l’univers musical camerounais.
Fhish s’était déjà bâti une assez bonne réputation dans la musique Kamer avec des titres tels que « Bonbon Sifflet », « Holla Holla », « Anti-Kirikou » , « NJOH » ou encore « Kak-Kak », le dernier single avant son décès. Il a été nominé 04 fois au MUMA 2020. D’ailleurs, les vues sur plusieurs de ses chansons ont décollé juste à l’annonce de sa mort. Comme quoi on s’intéresse à toi seulement quand tu es mort! c’est ça la vie! bref, revenons à Fhish. Il a également été lauréat aux Green Light Awards avec son premier EP « I’M CAMEROON ». Il aimait chanter majoritairement en Pidgin en glissant quelques mots et phrases en français.
Fhish préparait un nouveau projet musical avant son brusque départ dans cet accident. Un EP composé de 05 titres intitulé « SILK » qui a été dévoilé par son équipe le 17 Avril 2022 pour honorer sa mémoire, pratiquement 04 mois après son décès. Découvrons l’EP posthume de Fhish, plus vivant que jamais.
Une œuvre engagée
« SIlK » parle globalement de la façon dont les maîtres coloniaux ont exploité les noirs jusqu’à ce jour. Fhish nous interpelle sur l’esclavage mental que nous subissons car nous imaginons le blanc comme un être supérieure a nous. Or en tant qu’africains, nous avons toutes les ressources naturelles pour s’imposer dans le monde. Fhish comme un poisson dans l’eau aurait voulu livrer une version de lui un peu plus engagé. « Rios-Dos Kameros », le tout premier titre de l’EP montre déjà les nouvelles couleurs que Fhish avait l’intention de revêtir. L’équipe de l’artiste a elle-même révélé que cet EP de Fhish aurait dû sonner un tournant très engagé dans la carrière de cet artiste. Elle l’exprime en ces termes :
» En tant qu’africains, nous avons toutes les ressources naturelles, la diversité culturelle pour rester mère Afrique et être acceptés par le reste du monde. Nous restons dans la guerre, la famine, et la pauvreté abjecte parce que quelques-uns au pouvoir, ont acceptes de l’argent et les armes pour vendre la paix, l’amour et l’unité «
Voilà en quelques mots ce qu’aurait été la nouvelle philosophie de Fhish si la vie ne l’avait pas repris si tôt. En dehors du thème général abordé dans cet EP, Fhish surfe sur de nouvelles sonorités musicales et on reconnait son originalité. Le titre « SIMPO » est rythmé de sonorités caribéennes. Une touche qui donne de la vie et du Mouv a cet EP.
Un projet musical incomplet
La seule chose qui coince dans cet EP et que l’on remarque très vite d’ailleurs est qu’il est inconsistant. Dans le titre « MOTTO » , on ne perçoit qu’un refrain tout au long. Cette inconsistance est visible sur tout l’EP avec des titres incomplets, des minutages très courts comparé au dernier EP « I’M CAMEROON ». Malgré cette inconsistance non voulue, l’EP a plutôt été bien accueilli et la popularité de Fhish n’a jamais été aussi grande. Il est porté par une célébrité posthume dont sont victimes bon nombre de génies musicaux sur qui la lumière ne s’est pas tournée de leur vivant.
L’artiste ne meurt jamais! Fhish, bien que parti trop tôt, aura laissé ses traces dans la musique kamer. Son EP au goût mélancolique, nous présente cette nouvelle direction plutôt intéressante qu’on aurait bien aimé découvrir. Connaissant l’énergie et la pèche qui l’habitaient, on aurait aimé voir Fhish défendre fièrement ce projet sur scène. Néanmoins, Fhish laisse un héritage musical assez vaste et qui impacte la nouvelle génération d’artistes à l’instar d’Ego and Prido.
Écoutez son EP complet ICI