Elle en a fait une passion, une raison de vivre, un refuge, un rempart, un médicament. La musique est l’hôpital de Lydol et le Slam est son médecin. A 23 ans à peine, elle porte la voix de cette musique urbaine qui n’a pas encore une place majeure au Cameroun. Depuis quelques années déjà, cette dernière fait bouger les lignes de ce registre musical.
En avril dernier, Lydol sortait son tout 1er album, SlamThérapie. Un disque de 14 titres dans lequel elle développe la guérison par l’art et la passion. A coté, elle parle aussi de vie en touchant quelques sujets liés à la ressemblance des moeurs (L’un deux). Mais Lydol s’exprime aussi par la dénonciation, l’humanisme (Comme toi, Amina), l’évasion, l’affliction en relation amoureuse (Tu me manques, D’un autre).
Dans l’ensemble le disque un fort penchant personnel, fait de story telling entre son vécu à elle et celui des autres qu’elle interprète dans plusieurs titres. « Slam thérapie » parle de sa relation avec les mots, les vers, révèle sa capacité à les manier les mots. C’est d’ailleurs ce qui ressort dès son « Intro », un morceau qui fait l’éloge au Slam mais dans lequel elle emploie un style d’écriture nommé l’arnaque, puisque son texte semble parler d’un homme incarné dans le personnage qu’elle décrit. L’aventure continue avec des titres comme « Première fois », « Je m’appelle Lydol ».
Sa plume
La langue prédominante dans le disque est le Français, il est suivi de l’anglais usé dans les titres comme « Feelings », « Light » , « They Can Imagine », langue dans laquelle elle semble apporter plus de présence qu’en Français. Elle a par ailleurs fait un virage dans le Camfranglais sur le titre « Le ndem », le risque n’a pas donné un résultat fameux car le morceau est moins authentique. Plutôt narratrice et descriptive qu’argumentative et philosophique, Lydol a surtout cette capacité à mettre son imagination dans la description de la réalité. Entre Enigme, Arnaque, Subtilité, la plupart de ses textes sont écrits dans une logique évolutive. Niveau rime, on a pour la plupart des plates et des croisées. Une méthode d’écriture qui pousse toujours à connaitre la fin de son texte car c’est là qu’elle révèle son idée. Le texte le plus technique à mon avis est le titre « Vers » dans lequel elle a contourné sémantiques des homonymes dans un jeu de mots subtil.
Musicalement, l’on surfe sur plusieurs ébauches de rythmes de musique. Du blues, du jazz, de la soul, de la rumba, des percussions Africaines et des mélodies produisant du son d’assonance Africaine. Lydol nage aussi sur de l’acapella, et laisse sa voix couler sur des instruments tels que le piano et la guitare. Des fonds de violon Le disque dans l’ensemble est assez harmonieux. Il y’a un réel Des refrains et choeurs en chant comme dans les titres. Le disque dans l’ensemble est d’un tempo SLOW, calme. les morceaux sont lents et sensuels. Même si certains font danser les mots (Tu peux me DJA).
Mes morceaux préférés : »AMINA » & « Comme toi ». Pourquoi?
J’aime cette façon de synchroniser les paroles et les musiques. Leur teinture Africaine et leur mélancolie dégagent une forte émotion. Et Lydol y bat son flow sur la cadence des percussions et les hook chantés. Les sujets quant à eux parlent vraiment des autres, ceux qu’on ne connait pas. Lydol nous emmène à nous remettre en question. Il y’a de la beauté et de la profondeur. La musique de « Amina » rappelle la musique de le célèbre chanson « Sexual healing » de Marvin Gaye.
La performance artistique de Lydol à travers cette oeuvre la présente avant comme une artiste profonde et très communicative. Avec un ton pas typiquement Camerounais, son identité Africaine se retrouve surtout sur les musique. Ses sujets sont pour la plupart fermés et ne laisse pas forcément une occasion de suspense (chose qui est pourtant manifeste dans sa progression textuelle). Culturellement, l’album a une teinture Afro, et d’accessibilité francophone. Assez ouvert des sujets à la forme. Plus authentique, que strictement originale « Slam Thérapie » est une bonne découverte pour qui veut un talent du slam Africain. Deux caractères principaux, la capacité à bruler les frontières et le contenu durable. C’est une belle entrée discographique pour la jeune Slameuse Camerounaise, Africaine. Lydol se sert des mots pour émouvoir, mais aussi pour se assouvir ses douleurs et celles des autres.
