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Blick Bassy, le « Maquisard » contemporain. Chronique sur l’album « 1958 »

4 min


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1958, précisément le 13 septembre de cette année là, est assassiné le Nationaliste Camerounais RUBEN UM NYOBE. Il est l’une des figures les plus importantes de la décolonisation et de l’indépendance au Cameroun. 61 ans après, l’artiste Blick Bassy a décidé de lui rendre hommage à travers la musique, « 1958 » c’est le titre de son nouvel album sorti le 08 mars dernier.

Connu pour sa minutie et son application forte dans l’art musical, Blick Bassy à travers ce nouveau projet de 11 titres nous transporte dans de multiples univers et transcende assurément les époques. Un voyage dans le temps, un cocktail de rythmes et de styles, des notes aux notations émotionnelles fortes. De couleur Afro Soul Contemporaine, « 1958 » nous offre une balade mélancolique et une expérience forte d’écoute singulière, car on y retrouve de la recherche dans la composition.

Les particularités

  • Les titres sont courts. Des durées qui varient entre de 02min21s & 03min52 pour le plus long.
  • Les titres sont tous composés en langue « Bassa’a », langue d’origine de l’artiste. On y perçoit évidement une revendication et une fièrté de défendre l’identité, mais surtout une approche d’échange inter-culturel.
  • La mélancolie des titres. Avec des mélodies lentes, les morceaux transpirent le blues, des airs de jazz, une soft pop très ligth et une forte dose de soul. Une place forte est donnée à la voix excellemment maitrisée de Blick Bassy qu’il utilise pratiquement comme un instrument complet. Dans des titres tels que « Sango Ngando », « Kundè », « Mpodol », on a des séquences esquisses d’a capela qui tendent vers l’opéra.
  • Le disque « 1958 » n’a aucun featuring, du moins en ce qui concerne l’aspect vocal, on a du 100% Blick bassy.
  • La plupart des titres sont des contes, des récits poétiques inspirés de situations d’oppression d’autrefois. Blick met en exergue le contraste qui existe entre l’époque contemporaine et le passé des Africains, revendique la restauration et la transmission de l’histoire à la jeunesse. Dans sa mélancolie, Blick Bassy célèbre ses héros. On dirait un requiem dans sa forme, une fête dans son fond , une fierté et une révolution dans l’idéologie. Le titre « Maqui » magnifie représentativement les méthodes subtiles & mystique que les Maquisards utilisaient pour combattre les colons.

4e album de Blick Bassy, « 1958 « est un projet profond de part le combat et les valeurs sur lesquelles il repose.

IDENTITÉ VISUELLE

Dans la façon de le présenter, un accent fort est mis sur l’imaginaire, la métaphore et le rétro. Le disque est d’inspiration panafricaine, symboliquement humaniste, représentativement Camerounais, sans limites pour la créativité. De sa pochette aux clips, on constate bien que Blick insiste sur la transcendance et la découverte. De sa pochette qui illustre Blick Bassy sur une vue de profil avec ses dreadlocks perchés, et sur sa tête, un homme noir en veste tenant une malette dans une main et dans l’autre des ficelles accrochées à la tête de Blick. Cela peut s’interpréter comme une mission que l’artiste exécute sous le commandement d’un UM Nyobe qui lui donne les directives. Méthaphore imagée d’un dialogue spirituel permanent entre les deux Hommes (Âmes).

Dans le clip de « Ngwa » tourné des plaines au Lesotho, on a des clichés de l’époque médiévale, avec un guerrier Africain pourchassé par des soldats d’une armée d’Europe, celui-ci refuse de se laisser emporter par leurs règles et est vu comme rebelle. « La chanson Ngwa parle de UM NYOBE a qui je m’adresse. Je décris alors des scènes qui retranscrivent son son combat et à chaque fois , je lui rappelle qu’il est mon Ngwa, mon ami , mon héros » dit Blick Bassy.

Ngwa, mon ami, toi qui t’es battu pour notre liberté, notre souveraineté, toi qui a donné ta vie afin que nous bénéficions de rapports égaux, tu es mon héros. 
À travers cette chanson, je voudrais rendre hommage à ton combat, à notre combat, mais également à ta philosophie de vie, celles où les valeurs d‘égalité, d’antiracisme, d’anti-xénophobie sont au service de l’émancipation et de l’épanouissement de chaque humain. Ceci est ma façon à moi de te rendre hommage. 
À Um Nyobè.

« Toi qui t’es battu pour notre souveraineté, toi qui t’es battu pour que nous puissions être debout aujourd’hui, tu es mon ngwa, mon ami. « 

A la suite de « NGWA », Blick Bassy a aussi livré le clip du titre « Woni », 4e piste du disque « 1958 ». Le titre expose l’endoctrinement et le manque de résistance face à la pénétration des valeurs & culture coloniale que les Africains ont adoptés. Le clip représente métaphoriquement le déracinement des générations africaines qui sont loin de leur histoire, entrainés dans le conformisme. Avec une petite fille qui à la différence des autres, ne se laisse pas distraire par l’alcool, la fête, le joie qui sont les moyens de destruction de l’Africain contemporain.

C’est assez cliché lorsqu’on regarde les standards de vie et de valeurs auxquelles s’arriment les Africains de nos jours, notamment le branding, le cinéma, la télé, la communication qui vend les codes occidentaux. Dans l’arrière pensée le clip de « Woni » interpelle à l’éducation à l’histoire chez les plus jeunes.

L’album 1958 pourrait être considéré comme une alerte, une critique ou une dénonciation, mais surtout un appel à l’Africain de se re-connecter, d’exister de revendiquer ou de s’imposer en apprenant du passé.

Musique spirituelle (intro & outro)

L’album est introduit avec « NGWA » et se termine avec « Where we go ». Ses titres transmettent une certaine chronologie du discours qui défend bien son thème principal. La remarque forte entre son titre d’introduction et celui de fin est que Blick Bassy nous parle de la relation entre l’âme de Homme et la nature. Car si dans « NGWA » il estime (par le clip) que l’Homme retourne à la forme d’arbre (traduction de l’éternité de UM Nyobé avec un penchant écologique) , on constate avec « Where we go » que cette éternité est un choix, comme quoi l’âme se réincarne et choisit où elle souhaite aller. C’est d’ailleurs le seul morceau où il emploie l’anglais en dehors du Bassa’a. Comme quoi il y a aussi nécessité de s’ouvrir au monde, symbole sous entendu.

Ce qui est certain, après écoute de cet album, on envie d’en savoir plus sur l’histoire des héros Camerounais tels que UM Nyobé, Felix Moumié.

Mes meilleurs titres Maqui (Piste 8)/ Mpodol (Piste 5)

Ecoutez l’album ICI


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