Après « ça se passe ici «  et « Bouger là bas », Salatiel a mis depuis un moment dans les bacs l’audio de « Toi et moi ». A l’écoute du morceau, on se balade dans un univers musical assez profond, entre la saveur acoustique de la musique et la performance de ce dernier.

Le style 

Avant tout, « Toi et moi » c’est une musique, une chanson à laquelle son créateur n’a pas donné de frontières. Aussi rare que des chanteurs de cette génération prennent le risque de faire de l’acoustique, on peut dire que Salatiel a osé le défi  de soumettre un morceau assez différent de ce qu’on  a de nos jours. Plein d’émotions, c’est un double jeu de guitare. De plus les notes sont jouées avec une rythmique Afro.

Sa performance 

A capela, oui on l’écoute, c’est du vocal avant tout, profond, émotif, mais surtout original à travers son timbre. Tout peut s’écouter et se faire à apprécier, des montées aux descentes qui transmettent des sensations frileuses, des vibes, des doublures qui font grincer les dents et les cheveux durant l’écoute. On sent l’artiste mettre son âme et son être dans le morceau.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

L’écriture et la thématique

Au delà de cette appréciation du son sur le niveau musical, on peut aussi apprécier le sujet et son traitement. Pertinent, bien écrit, l’histoire est une déclaration d’amour à l’égard de sa compagne. « Together we strong toi et moi ». Salatiel, entre pidgin, français et anglais décrit raconte, exprime son amour et surtout sa fidélité. Textualisé et contextualisé, paroles bien écrites, cohérence et cohesion ne manquent pas dans son discours. Trois couplets dans lesquels il tient l’auditeur en haleine. Une séquence que je trouve vraiment représentative que la société Camerounaise c’est son pré refrain  » Si c’est le tobassi que tu me donnes, bébé ça marche. Et si c’est la tête de machoiron dans ton Mbongo, bébé ça travaille ». On sait qu’au Cameroun, les femmes contiennent parfois les hommes en passant par la nourriture ou les charmes mystiques. C’est toute une romance musicale, mais avec beaucoup de spiritualité.

Le clip vidéo de qualité, osé, bien scénarisé met en avant plusieurs aspects.

Des scènes love, entre baisers,cérémonie de  mariage, lune de miel, scène de chambres, vie de couple, hôpital, accouchement, chirurgie aux urgences. Tous les détails sont pensés et illustrés pour nous  plonger le morceau.

Tout d’abord la force de l’amour. Dans le clip Salatiel se marie avec sa femme, tandis que le père de celle-ci est dans la salle en train de ressasser dans ses souvenirs. Des scènes du passé dans lesquelles il interdisait et s’opposait à leur amour. Mais finalement l’amour a vaincu et le père regrette ses attitudes.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

le chagrin  et la tragedie : L’on voit Salatiel qui se fait lyncher par les policiers dans le clip, alors qu’il est confondu dans une émeute. Tandis que sa femme qui est enceinte sera à l’hospital en train d’accoucher. L’enfant naîtra sans la présence de son père, c’est après trois semaines de comma que celui ci se réveillera, ayant risqué de mourir. Le cœur de sa femme tout chagriné durant tout ce moment.

Le plus important de ce clip, c’est un message sur le problème anglophone du pays. Salatiel rend hommage à tous ces disparus et victimes collatérales des émeutes à Bamenda et Buea. On a d’ailleurs cette image du lance pierre en grandeur que les manifestants de Bamenda avaient utilisé. Le clip montre comment un homme qui n’avait rien à voir avec les manifestations, se retrouve piègé et sort de sa voiture alors que la police est face à des manifestants qui revendiquent dans la rue. Celui ci sera malheureusement victime et sera sauvagement tabassé par la police.

Cela ne devrait pas passer inaperçu. Le message de fin dans la vidéo appelle surtout au dialogue et non à la violence. Autrement dit, Salatiel appelle à la paix et à l’union. C’est un peu la continuité de « ça se passe ici » dont le clip montrait la mixité Camerounaise et la proximité de nos valeurs sans distinction de langues ou de tribus.

Note d’écoute : 9,1/10, c’est une production réussie qui frôle l’aboutissement.

Chapeau!!! Quoique le morceau est trop émotif, il pourrait faire fondre un cardiaque. C’est de l’Art en tout cas, tant musical, qu’ intellectuel. Gardez l’oeil sur Salatiel… 

Commentaires

commentaires