Depuis des années la musique Camerounaise est paralysée par l’absence de distribution. Un problème que j’ai mainte fois & longtemps décrié ( et qui d’ailleurs ne se limite pas qu’au Cameroun mais à l’Afrique Francophone). Les labels malheureusement n’ont jamais pris la peine de se pencher sur la recherche d’une solution pour palier à cela. Malgré les propositions de plateformes crées au Cameroun, les producteurs & labels n’ont jamais eu le courage ou le temps de se consacrer aux solutions proposées. Certains ont essayé mais sans grands moyens et stratégie de comm & PR, je pense à VoxAfy. Aussi vrai que des services de streaming et de sonnerie téléchargées des Telcos (opérateurs mobiles), permettent à certains artistes de gagner un peu d’argent, la vérité est que c’est peu, la traçabilité et les procédés d’exploitation ne sont pas tout autant avantageux. Bref passons d’abord sur ça.
Qu’est ce qui freine?
Ce qui freine c’est qu’on fuit le problème. Google INC nous ont donné Youtube pour mettre nos vidéos, et puisque c’est accessible à tout le monde (nous y compris). Mais c’est toujours étonnant de voir comment à la sortie de certains morceaux, de nombreux artistes proposent leurs produits en donnant des liens de Spotify, Itunes, Bandcamp … Très souvent avec le prétexte que ce n’est pas qu’au Cameroun qu’on doit les écouter. C’est peut-etre vrai en partie , mais est-ce qu’on les écoute vraiment au Cameroun? Imaginez, s’il y’avait pas Trace, Youtube, qui sont des models de distribution/ diffusion de singles/ videos promo gratuits. Des instruments qui n’entrent que dans la phase communicationnelle pour l’écho et la visibilité. De là vous pouvez constater que la plupart des mélomanes locaux et de la sous-région ne connaissent les artistes que via les singles, et pas dans leurs albums. Sauf quand les disques sont mis gratuitement en ligne (chose rare) ou piratés. Mais en toute franchise, qui va aller acheter le disque d’ARAFAT, de LOCKO, Numerica à 9 dollars sur Itunes? Depuis le Cameroun, ou la Cote d’ivoire, on les compte à peine. Pas moi, en tant que consommateur normal, je ne l’ai jamais fait et je crois que c’est pareil pour toi.
Voila pourquoi les artistes ont des Fans qui ne connaissent que par 5 singles, mais qui n’ont jamais écouté un de leurs albums si ce n’est par un réseau de piraterie. Voilà comment lorsque les artistes sont en concerts, on ne veut pas venir les écouter parce qu’on se dit qu’ils n’ont que leurs playlist populaire à proposer.
Les albums ne sortent plus ou go dans le ndem
Aujourd’hui la musique est devenue une affaire de singles. Ce n’est pas mal et c’est même normal dans la mesure où ça promeut l’artiste, le popularise et le permet de tourner. Mais après ça quoi!!!!! Combien d’artistes populaires au Cameroun ont un album ou un EP (un vrai hein, pas une compilation de songs qui ont marché)? On le compte. Et même ceux qui sortent des albums combien de vente réussissent t’ils à faire localement?
On est arrivé à faire croire qu’on ne peut pas vendre de la musique au Cameroun, alors que c’est les protagonistes eux-mêmes qui nourrissent la logique du gratuit. Avant de continuer je dois précises que dans les années antérieures la vente du disque était excellente au Cameroun. En 1996, Petit Pays a vendu 50.000 disques avec son album « CLASS F », cela en l’espace de 24h. L’album « Africa Typic Collection » de Sam Fan Thomas a été disque d’or en 1984. Les disques originaux se vendaient à époque, cela ne peut être quasiment impossible aujourd’hui alors que la population a pratiquement doublé, les possibilités d’acquisition ont évolués? Je ne tire pas de conclusion carrée…
Les albums ces dernieres années.
J’ai vu des artistes essayer de vendre sur Jumia, Kaymu à l’époque ( du genre tu commandes le CD et on vient te le livrer physiquement. Ce n’était pas mal, mais à vrai dire ça ne solutionne pas le problème. Le temps de traitement est un frein. Pire encore, il y’a des frais de transport, tout cela pour avoir un CD. Voila pourquoi on n’a jamais eu les chiffres de ventes des albums « Soldier like my papa » de Stanley en 2015, « Mboko God » de Jovi, le EP « Ça sort comme ça sort » de Maahlox en 2017. La vérité c’est qu’il ne vendent pas.
Dans mes discussions avec les acteurs du mileu, j’ai souvent dit ce que je pensais et meme proposé ma solution d’échelle Afrique Francophone. Bien que manquant de moyens. Il me souvient d’avoir discuté avec un promoteur, un manager que vous connaissez très bien. Et ils m’ont dit que c’est impossible. J’ai aussi discuté avec les proprios d’agence de distribution qui me disaient que les artistes gagnent de l’argent lorsqu’on les met sur les plateformes internationales de vente et d’écoute. Que cela leurs offre même des opportunités. Ok! c’est très bien mais tant que votre fan base ne vous consomme pas il y’a toujours problème. J’avais même proposé ma solution à des artistes qui sortaient leurs albums l’an dernier, mais ils l’ont trouvé risquée et banale.
Des albums & EP passés inaperçus
On a fait la communication du produit mais on ne l’a pas mis à disposition de tous. Je vais citer les cas.
Les albums « Cardio » de X-Maleya, « Un jour dans ma vie » de Charlotte Dipanda, « The Bridge » de Locko , « Ouragan » de Coco argentée, « Golden Boy » de Magasco, « Love original » de Mr Leo, « Arrêtes nous si tu peux » des Featurist et bien d’autres sortis l’an dernier et avant, je vais m’arrêter là. Vous les avez écouté en entier? Soyons honnête non! Parce qu’ils ne sont pas distribués par un circuit qui vous donne accès et possibilité. J’ai été sidéré lorsque j’ai entendu les chiffres de vente de Locko deux semaines après sa sortie. Moins de 2000 ventes. Et j’ai dit merdes!!! Un gars qui a près d’un million de Fans au total sur ses réseaux sociaux? On court dans le sac là.
Problématique : Dois t’on limiter la distribution légale de la musique à une cible élitiste, bancarisée (moins de 15% au Cameroun) capable de s’offrir un disque à 10 euros, dans un contexte où la plupart des consommateurs et fans vivent le système financier des transactions mobile money?
Maintenant imaginez qu’un artiste communique bien et met son album à disposition à la somme de 1000 Fcfa ou 2000 Fcfa, vous pouvez etre sur que 15 à 20 % de sa fan base vont l’acheter. L’achat ici est numérique, non couteux et conditionné par un déplacement des frais supplémentaires, en 5 minutes, tu écoutes l’album de ton artiste pour toujours. Donc un artiste qui a une fan base de 200.000 peut faire 25.000 ventes environ au Cameroun. Maintenant, que ces solutions s’adaptent aux mobile money sous-régionaux, cet-à-dire, au Cameroun c’est Orange Money, au Gabon et en Cote d’ivoire c’est d’autres opérateurs, mais que la solution s’adapte à chaque environnement. Voilà comment en quelques temps, on vend dans l’Afrique Francophone avec les réalités de consommation de l’Afrique Francophone. On a des statistiques claires et forcément de l’argent, des datas qui permettent de montrer aux promoteurs la force d’un artiste. L’autre moyen c’est simplement le payement USSD, par le crédit direct. Ton crédit débité et ton album, ton single sont téléchargés. Biensur il faut pouvoir aménager cette plateforme. Mais je ne peux pas tout détailler en un article.
Mais en attendant suivez les pas de JOVI.
J’ai plusieurs fois critiqué l’approche communicationnelle et marketing du label New bell Music, notamment en termes de distribution. Jovi est l’artiste Camerounais ayant le plus d’album, mais que la plupart de ses fans et des gens qui le connaissent n’ont jamais écouté. J’ai toujours dit que même si le fait de mettre ses morceaux sur Itunes, Bandcamp lui rapportent de l’argent. Ça ne lui fait pas gagner en termes de connection avec le local, car la vérité c’est que c’est trop cher et difficile pour nous ici même si on veut. Jusqu’ic,i ce dernier avait choisi de donner le privilège à ceux qui ont les « gros moyens ». Mais récemment son 4e album « God don kam » a été mis en ligne avec un moyen d’achat par Orange Money et MTN Mobile money à 1000 fcfa. Jusqu’à présent, les retours semblent satisfaisants. Et au delà du chiffre qu’il pourrait faire, je peux dire que c’est la 1ère fois que des Camerounais qui aiment Jovi et qui vivent au Cameroun peuvent acheter son album rapidement. Malheureusement ce n’est qu’au 4e album et après des EPs nombreux qu’on va l’écouter pour beaucoup pour la 1ere fois. Mais n’oublions pas qu’autour des oeuvres une communication promotionnelle doit être faite, tout le monde n’est pas Jovi et le buzz n’est pas toujours calculé. Prenons son cas comme prototype.
En effet, Jovi et son label ont surement compris que lorsqu’on s’est fait une fan base dans une territorialité précise. On ne peut pas multiplier les sorties sans lui donner la possibilité de s’en acquérir, sinon on la perdra avec le temps.
Et arrêtons d’être septiques, j’ai vu plusieurs qui par suivisme, par étonnement, encouragent les internautes à se procurer l’album. Mais on sait aussi à quel point les Kamers aiment le buzz, tant que ça construit et qu’il peut avoir une suite c’est bien. Car les mêmes disaient hier encore, les Camerounais ne peuvent pas acheter d’album. Mieux encore, je pense qu’il est bien temps de se dire la vérité, car le business model que de nombreux artistes utilisent aujourd’hui est essentiellement construit sur le booking, voilà pourquoi certains se battent pour sortir des singles, des hits encore et encore, mais après 6 mois, un an lorsqu’on s’épuise, on ne passe plus sur le marché des snacks, et événements commerciaux. La vente est l’un des moyens d’assurer au moins à moyen termes la survie d’un artiste. Mais aussi avec des albums bien défendus, on a l’avantage de plus durer et de toucher d’autres horizons de façon plus sérieuse.
Voila Moi Consulting et voila-moi.com, nous sommes ouverts à tous les labels et projets serieux pour apporter des conseils, des solutions. Très bientôt nous ferons l’analyse du nouvel album « God Don Kam » de Jovi. Disponible sur shop.newbellmusic.com
