Voila Moi

Zanzibar : Un virtuose de la musique camerounaise, très peu connu de la génération actuelle.

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Une dextérité hors du commun, une justesse impressionnante, une habileté renversante, un doigté magique, nous pouvons continuer à citer, nous ne le qualifierons jamais assez.

Zanzibar étant son nom de scène, Epeme Zoa Théodore est un guitariste qui a su marquer de son empreinte la musique camerounaise.   

Enfant de la Région du centre, il naît en 1962 dans une famille très pauvre et perd ses parents très tôt. C’est dans la musique et plus précisément en jouant de la guitare que Théodore va trouver le réconfort et canaliser ses émotions d’orphelin. N’étant pas brillant à l’école, il arrête très vite ses études et travaille comme motor boy (assistant chauffeur). Ayant une passion sans cesse grandissante pour la musique et pour son instrument, notre virtuose devient de plus en curieux. Dans cette curiosité, il fait la rencontre d’Ange EBOGO grand musicien de cette période, venu animer un mariage dans son quartier à Yaoundé.

Il n’a que 14ans et sa carrière est sur le point de prendre son envol.

Aux côtés d’EBOGO qui va l’aider à canaliser son talent et sa hargne, Théodore va jouer d’orchestres en orchestres de Yaoundé à Edéa, en passant par Kumba. Il va gagner en expérience et par la même occasion rencontrer des anciennes gloires de la musique tels que : MESSI Martin, Mama OHANDJA, Samson Chaud Gars, etc… Tout change pour Théodore lorsqu’il rencontre Jean-Marie AHANDA. Nous sommes dans les années 80. De retour du Nigéria avec son propre groupe le Zoubaki international, Théodore rencontre Jean-Marie. Celui-ci ne trouvant pas de mot pour qualifier le talent de Théodore va le baptiser « Zanzibar » et l’inviter par la suite à créer un nouveau groupe « les têtes brûlées » dont il sera le meneur.

« Les têtes brûlées »

C’est un melting pot de tous les meilleurs musiciens (chacun à son instrument) avec qui Zanzibar a joué dans les cabarets et orchestres depuis sa rencontre avec Ange EBOGO.
Le groupe à peine né fait déjà la une au Cameroun et va être davantage propulsé par Elvis KEMAYO et son émission télépodium. Il va également arriver en force sur le plan international via le concours Découverte RFI en 1987 et sera par la même occasion le premier groupe de musiciens camerounais à faire une tournée mondiale (Les têtes brûlées ont presté sur tous les continents).

Zanzibar a juste 25 ans et son immense talent fait exploser les différentes scènes. Dans son jeu de guitare il saura mettre dans le même plat les rythmes Rumba, Funk, Jazz, Rock, Assiko et bien plus ; tout ceci en gardant l’agencement des notes et une coloration proche de celle des balafons, instrument de base du bikutsi.

Nous sommes en 1988, les têtes brûlées sont partout et dans toutes les bouches. Zanzibar lui, ne se repose plus car en plus des scènes et des voyages il doit également intervenir dans les studios d’enregistrement.
Sa nouvelle approche du bikutsi fait de lui une référence, il l’explore sur tous aspects et le révolutionne sans changer le fond. C’est ce qui explique cette richesse qui permet au bikutsi de rester solide sur ses racines, même au fil du temps. . « Essingan » et « Nadège » ayant renversé tous les mélomanes, Zanzibar est sur plusieurs projets:Le film « Man no run« , et tous les projets de bikutsi de cette période. Les artistes tels que Ntondob’e, NKODO Sitony, Zélé Lebombardier, EBOGO encore en activité, peuvent en témoigner.

Tout bizarrement, c’est malheureusement cette même année, à l’âge de 26ans que Zanzibar va décéder . Il est retrouvé gisant et bavant au sol dans sa chambre par sa compagne. Les circonstances de sa mort ne sont pas clairement élucidées, car pour certains il se serait suicidé, et pour la majorité, il aurait été empoisonné. « AHANDA ! AHANDA ! c’est comme ça que devait mourir Zanzibar ?! » tel fut les derniers mots de notre virtuose qui rend l’âme à peine arrivé à l’hôpital.

                                                                                                      Décédé brutalement et de façon inattendu, Zanzibar laisse orpheline toute la grande famille musicale internationale et nationale qui attendait encore énormément de lui à travers son talent, sa technique et son aurra. Ces aptitudes lui ont valu à juste titre le nom de « Père du bikutsi moderne« .
En plus de laisser le bikutsi à un niveau inégalable car resté longtemps monotone avec des artistes comme MESSI Martin et Ange EBOGO, il laisse aussi les têtes brulées qui n’auront plus la même gloire car celui-ci était irremplaçable.
Zanzibar laisse sur sa faim une immense communauté nationale et internationale de mélomanes, subjuguée par son talent et ses prouesses.

Une anecdote pour terminer : Il parait qu’u Cameroun, pour s’asseoir à la table des musiciens dignent de porter le nom de guitariste, il faut être à mesure de reprendre tous les phrasés de guitare de Zanzibar dans le titre « Essingan » des têtes brûlées.


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