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[ZOOM] Lapiro de Mbanga aka « Ndinga Man », artiste engagé jusqu’à son dernier souffle

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« Impossible pour moi de rester silencieux et faire uniquement danser les gens sans rappeler à chacun sa responsabilité, ainsi que l’ampleur du combat qui nous attend pour sortir de la misère; je suis issu d’un continent pillé, sans avenir et dans mon pays, la réalité n’a rien à voir avec l’amour, la gaieté et la légèreté » tel fut le Crédo de Sandjo Lambo Pierre Roger, plus connu sous le nom de Lapiro de Mbanga.

Parcours Musical

Nombreux d’entre nous dirons et affirmerons à coup sûr (avec exemples à l’appui) qu’il fut un artiste hyper talentueux, mais le décrirons encore plus comme un musicien-peintre, puisque sa musique parle et illustre toutes les réalités sociales vécues au Cameroun depuis un bon nombre d’années.

Sandjo Lambo Pierre Roger arrive sur la scène musicale en 1978 et se révèle du côté du Nigeria. Il a suivi ses classes musicales au Cameroun, plus précisément à Kumba dans la partie anglophone du pays. Dans cette partie, l’industrie musicale est déjà bien développée car les musiciens là bas fonctionnent en « Band » et ont des scènes bien aménagées pour les différentes prestations et pour les fans qui les suivent.

Sans toutefois nous égarer, rappelons d’abord que Sandjo Lambo Pierre Roger est né un 03 Novembre 1957 à Mbanga, un arrondissement de la Région du Littoral. Bizarrement, il est issus d’une famille riche, mais il va grandir dans une extrême pauvreté aux côtés de sa Grand-mère. C’est ce double aspect de sa vie qui va l’aider à définir clairement son idéologie artistique, et s’aligner aux côtés du peuple afin de cheminer avec lui à travers les réalités qui font le quotidien de celui-ci.

Après un parcours semé d’embûches et rocailleux tel son timbre de voix, Sandjo Lambo Pierre Roger fait un détour au Nigeria. Là-bas, il met sur le marché musical son premier album intitulé « Persévérance » en 1978. Sa carrière prend véritablement son envol en 1980, lorsqu’il retourne au Cameroun.

Sandjo Lambo Pierre Roger, choisi son aphérèse comme nom de scène à savoir LaPiRo. Il y ajoute de Mbanga pour spécifier clairement ses origines, d’où le nom Lapiro de Mbanga.
Lapiro de Mbanga est dès lors l’artiste du moment. Il est aux côtés du peuple pour qui il défend la cause à travers les messages forts que portent ses chansons. Il apporte le pidgin (Mélange du français, de l’anglais et de toutes les langues locales) dans la musique camerounaise, une façon pour lui de plonger toutes les couches sociales dans ses musiques.

Vu son engagement indéfectible aux côtés du peuple et son combat féroce dans la lutte pour le respect et l’application des droits de l’Homme, Lapiro de Mbanga fini par intégrer le monde de la politique.Avant ça, le peuple camerounais et ceux d’ailleurs dansent déjà sur ses albums suivants:

  • « Persévérance », 1er album sorti en 1978
  • « Nkon nu si, la terre, le monde » sorti en 1979
  • « Pas argent no love » sorti en 1985
  • « No make erreur » sorti en 1986
  • « Surface de réparation » sorti en 1987
  • « Mimba Wi » en 1989

Son parcours politique

Pleinement engagé dans la politique, Lapiro est considéré comme l’un des grands opposants aux opérations « villes mortes » dans les années 1990 et 1991, même s’il a fait partie de comité de libération de Célestin Monga et Pius Njawé.

1990-1991 fut une période de forts troubles dans le pays car les partis politiques d’opposition au Cameroun réclamaient une conférence pour un compte rendu des états généraux de la gestion du pays. Pour non suite à cette réclamation, ils engagèrent donc avec l’opération « villes mortes » et Lapiro qui faisait partie de l’opposition va se mettre en retrait. Dès lors, Ndinga Man va être considéré au regard de l’opposition comme un traître qui s’est fait acheter par le régime en place.

Suite à toutes ses polémiques sur sa personne, Lapiro de Mbanga sort tour à tour les chansons « Na you go pay? » et « Big Mop for nothing » pour pousser le peuple camerounais à faire une introspection sur les évènements qui sévissent sur le territoire national et pour s’adresser de façon directe aux opposants qui venaient d’essuyer un échec sur l’opération « villes mortes« .

Malgré cette tentative de reconquête auprès de ses fans, Lapiro de Mbanga n’a pas pu frappé fort car son image et sa crédibilité avaient pris un gros coup; il était vraiment down. Ceci va durer jusque dans les années 2000 où il se présente aux élections municipales dans sa localité aux côtés du Social Democratic Front (SDF). Il essuie aussi à son tour une défaite et disparaît pour revenir en 2008.

2008 est l’année où tout bascule pour notre Ndinga Man. Il se retrouve dans de sales draps car considéré comme l’une des têtes pensantes ayant joué un rôle phare pendant les émeutes de février cette année là. Il va passer 03 années sous les verrous et à sa sortie en 2011, il porte plainte à l’Etat du Cameroun devant le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme. L’affaire est résolue en 2012 et Lapiro de Mbanga obtient gain de cause.

Sa fin & ses distinctions

Lapiro de Mbanga va continuer en dénonçant en 2013 devant la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme les conditions de détention dans les prisons camerounaises. Il était totalement libre à cette époque et avait pratiquement laissé tomber sa carrière de musicien vu qu’aux sorties de prison et à victoire aux barreaux face à l’Etat du Cameroun il avait quitté et renié le Cameroun, s’installant aux Etats-Unis d’Amérique avec sa famille. C’est sous ses cieux que Lapiro de Mbanga décède le 16 mars 2014 à l’âge de 57ans. Il recommande à sa famille d’incinérer son corps puisque tout est clair pour lui, son corps ne doit plus retourner au Cameroun.

Au terme d’une vie difficile et d’une carrière jonchée d’embuches, voici quelques distinctions que Lapiro de Mbanga, notre Ndinga Man a pu recevoir jusqu’au crépuscule de ses jours:

  • Il a reçu en 2009 le prix Freedom To Create Award, ceci dû à son courage.
  • En 2010, il reçoit le Canal d’Or pour son parcours et pour la qualité de toutes ses oeuvres.

Notre artiste s’en va n’ayant pas achevé son combat, ses dires ne cesseront d’éclairer nos sentiers afin de nous permettre de mieux mener ce combat qui fût le sien, et qui demeure le nôtre pour le plus grand rayonnement de notre beau pays et de notre chère patrie.

Que ton âme repose en paix Lapiro de Mbanga, Rest in peace Ndinga Man!!!


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