Comme toute industrie, le showbiz musical camerounais est une industrie qui ne fait pas souvent de bilan sur ses activités. Le suivant article ne vient pas faire ce bilan, mais juste une lumière de façon assez objective sur certains points importants de notre industrie musicale.
Ayant tellement à dire sur notre showbiz, nous avons choisi de rédiger cet article en différentes parties dont voici la première que nous livrons à chaud, et en 10 points bien étayés:
1- 70% d’artistes de la nouvelle génération ne savent ni jouer à un instrument, ni chanter et lire une partition de musique:
Pour se lancer dans n’importe quel domaine, il est impératif de maîtriser les fondamentaux. Parlant de musique, c’est un art, et qui dit art parle d’une certaine rigueur. Comme chaque art existant, la musique possède un langage propre à elle, ainsi que des codes qui lui sont bien spécifiques. Tout artiste ne maîtrisant pas ces éléments de base est un problème pour le développement de la musique, voire même un frein pour l’industrie musicale.
2. 90% des artistes ne connaissent rien sur le business de la musique (Droits d’auteur , droits mécaniques, exploitation d’œuvre, distribution…):
Se lancer dans un secteur ou dans n’importe quelle activité nécessite une étude minutieuse du domaine car il est important de connaitre ses droits, devoirs, ce qui nous protège et tous les processus juridiques impliqués. Du coup, dans le secteur musical, il est important de maîtriser le cheminement emprunté par chaque œuvre musicale, et les parties impliquées de sa création à son aboutissement.
Chers artistes vous êtes avisés; allez désormais lire la documentation relative à votre secteur d’activité. Par la même occasion, soyez attentifs et lisez correctement chaque contrat qui se présente à vous. Il est même conseillé de toujours faire lire son contrat par une personne assez calée en droits (Juriste, Avocat, …).
3. 80% des artistes les plus connus ne savent pas prester en live et n’ont jamais fait un festival, même pas dans leurs pays:
Ceci est une remarque très pertinente qui donne presque des larmes aux yeux car elle est malheureusement vraie. Très peu sont les artistes camerounais pouvant valablement s’exprimer sur un micro et sur scène. Nous nous gardons d’en citer quelques uns, de peur qu’ils le prennent pour de l’affichage. Tout compte fait, ces artistes se reconnaissent, et savent bien qu’ils ne sont pas des performers. Incapables de reproduire fidèlement leur œuvre en live. C’est un grave danger pour le métier.
4. 95% des artistes connus n’ont jamais eu à faire leur propre spectacle même pour 100 places:
Très déplorable mais vrai!!! Nous comptons du bout des doigts les artistes qui pensent à se rapprocher de leurs fans, à les égayer, à créer des rapprochements forts à travers des concerts pensés et organisés de bout en bout par eux-mêmes. Ils s’accrochent la plupart du temps à des concepts lancés par des entreprises de la place. Sont-ils visionnaires ces artistes? Si oui quel est la vision pour leur carrière et pour les œuvres qu’ils produisent? Un jour un jour nous aurons des réponses.
5. 96% d’artistes n’ont pas d’album et ceux qui en ont ne connaissent pas leurs chiffres de vente pour la plupart:
Nos artistes sont-ils des clandestins de l’art musical? Puisqu’ils sont incapables de réaliser des albums. Nous nous demandons comment est-ce qu’ils font réellement pour s’en sortir lors des différentes tournées prévues dans leur programme? Comment ils gèrent l’infime répertoire musical qu’ils ont? Ont-ils même des séances de répétition? Autant de questions qu’on se pose lorsqu’on regarde leur démarche artistique. Sans parler du côté juridique et économiques évoqués plus haut.
6. 98% des labels connus ont basé leur modèle économique sur le spectacle et font tourner leurs artistes dans des snacks, boites et foires commerciales pour la plupart:
L’industrie musicale camerounaise a réellement besoin d’être revisitée, nous ne nous retrouvons plus là! Si les artistes basent leur modèle économique sur les spectacles dans les boites de nuit et autres, à quoi servent les salles de spectacles prévues pour des occasions réelles? Le modèle distribution et vente des CD et albums occupe quelle place? D’où la nécessité de revoir de fond en comble le modèle économique de notre industrie musicale.
7. 90% plupart des artistes ont au moins un Baccalauréat et 70% ont fait des études supérieures:
Comment peut-on être instruit à ce point et ne pas impacter sur le développement de l’industrie à laquelle nous appartenons? Où bien, les études posent- elles un réel problème à l’épanouissement total des artistes? Nous reviendrons certainement avec un article intégral sur ce volet, car soit les études ne peuvent finalement rien apporter de positif à l’industrie musicale, soit il est impossible de poursuivre deux lièvres à la fois, comme nous avons pour coutume de le dire en proverbes de chez nous.
8. 20% d’artistes et labels collaborent avec les médias et les blogs. Or, 80% sont médiatisés grâce aux sites et aux blogs locaux:
C’est une triste réalité de chez nous, et je dirais que nos artistes manquent cruellement de culture et d’ouverture d’esprit. Ils n’ont pas encore compris que les médias et les blogs ont un rôle capital à jouer dans la promotion des œuvres et pour leur image même. Ceci freine l’évolution de l’industrie au niveau du point de vue stratégique (Stratégie de vente, stratégie de déploiement sur le terrain, stratégie événementielle, etc…).
9. 98% d’artistes ont peur de prendre position lorsqu’il y’a un fait grave concernant l’avenir de la musique ou du pays:
Le game camerounais est tellement faux et tordu au point où chaque artiste, quel que soit le problème évite de se prononcer ou de prendre position. Je dirais c’est un game taillé à la forme exacte des dents d’une scie. Toute opportunité peut être bonne, mais également plus mauvaise et aussi dangereuse que le montre son bon côté. Sur ce, nous ferons mieux de laisser les artistes corriger leur game eux même. ça prendra le temps qu’il faudra, mais les choses finiront par s’arranger; comme le dit un proverbe « Toute chose a un début et une fin »
10. 90% des artistes au top n’écoutent pas les songs des autres artistes en dehors des gros tubes:
La solidarité n’est pas le fort des artistes camerounais. C’est quand même honteux de faire le même métier et de ne pas suivre l’actualité de l’autre. Comment pouvons nous qualifier ça; est-ce de la jalousie? Est-ce un champ de bataille ou chacun se bat pour soi? Est-ce un manque de conscience? Toute compte fait, ça n’honore personne et plus loin même ça n’honore pas le métier de ceux-ci, voire ça laisse carrément à désirer. Si tu ne peux pas d’une certaine manière regarder ton collègue et l’apprécier comme toi un artiste, c’est qu’il y a un gros problème et tu n’as pas compris pourquoi tu fais ce métier. Ceci est valable pour tous les domaines et métiers de la vie.
Voilà ce que nous vous livrons en première partie de ce sujet pertinent. Nous espérons que beaucoup puiserons ici pour améliorer leur démarche. Entre temps, reconnaître déjà et accepter tous les points suscités comme vérités de notre showbiz est un début de résolution aux tares qui enfoncent notre industrie musicale.
Une industrie dont toutes les vérités sont des tares
Vivement que chaque maillon de cette industrie s’applique et s’implique dorénavant pour un rayonnement palpable et observable à vue d’œil. Sur ce, RDV très bientôt pour la 2e partie de cet article.