Il y a un an, j’ai écrit une chronique qui portait sur la carrière de Jovi. L’article s’intitulait « Jovi la plus grosse discographie de hip hop Kamer en 04 ans« . Vous pouvez le lire ICI. Depuis lors cette fameuse discographie dont j’avais questionné les enjeux n’a fait que s’augmenter avec trois Ep (extended play: l’équilavalent d’un maxi) sortis en 2016. Aujourd’hui Jovi a à son actif 02 albums et 05 Ep, ce qui fait environ 60 morceaux sortis en 05 ans. Si l’on a pu connaitre quelques singles tels que Don for kwatt, Pitié, Man pass et des hits tels que Cash, Et p8 koi? et Big vulture qui ont fait son succès en 2015, il faut dire que le reste est carrément ignoré du public, je veux dire le vrai public, pas les 10.000 fans de Jovi .
Pourquoi cela? Parce que son label ne communique absolument pas autour de ses sorties. Parce que chaque projet vient enterrer l’autre sans même lui donner l’occasion de s’exprimer. Parce que pour New bell music, poster sur les RS la pochette d’un album et le lien d’écoute suffit pour dire qu’un album est sorti. C’est le cas avec celui de Reniss « Tendon« , celui de Pascal « Work dey 3« , le fameux « Mboko god« sorti en 2015 de Jovi. Dites moi si vous avez écouté ou pu vous procurer ces opus. Et même, étiez vous au courant? Cette question est pour le vrai public pas pour les 10.000 fans de Jovi.
Jovi annonce depuis un moment son prochain album 16 wives, dont trois extraits ont déjà été livrés à savoir « Monshung« et « Why God?« et le tout nouveau « Où même?« dont on parlera un peu dans les prochaines lignes. Notons que « Monshung » n’a pas pu bénéficier d’une bonne promotion, ce qui a valu son passage presque inaperçu malgré sa bonne qualité.
Pourtant Jovi est très talentueux, il est même pour certains le meilleur rappeur Camerounais. Respecté pour sa capacité à innover et surtout son imbrication dans les univers traditionnels locaux qu’il fusionne aux rythmes modernes. Mais pour qui fait-il sa musique au final? A observer sa logique, on pourrait dire pour lui et sa maigre poignée de fans.
Où même?
- le beat
Une fois de plus, c’est une mise en exergue du génie créatif de Jovi. La cadence folkorique grassfield de la musique dans une ambiance proche du « Benskin » portée par les caisses et tambours. Mélangés d’instruments traditionnels et de bass Trap, jovi quitte d’une intro musique classique qu’il transpose en introduisant les sonorités Afro.
2. Le flow
C’est osé et réussi au niveau flow. La façon avec laquelle Jovi s’accapare du beat est très originale. Son flow est guidé par la tonalité de l’accent que les camerounais ont lorsqu’ils posent une question. Le secret est dans le ton, « Tu fais quoi là bas???« avec une finition tirée. D’autre part son flow exprime un effet « danse bafia ». Il lâche une phrase comme s’il allait continuer à parler puis se calme avant de produire une autre phrase. un peu comme quand un varan dévore un insecte ou quand un chasseur fait retrait en attaquant un animal. J’appellerai ça le flow BAFIA ou le flow bomerang.
3. Les animations
Le son est animé, on perçoit d’abord ce jeu communication entre Jovi qui questionne et la voix de femme qui répond à chaque fois par des interjections breves. « Ou même? Oui non, Au nom, je jure!« . C’est subtil et ça rappelle les rap Old school à la Busta ryhmes. De plus, il y a ces cris arrières (comme ceux de la sauce et de cash) et les sifflets qu’on écoute dans le fond du son. Tout cela produit une ambiance qui transporte l’écouteur dans un univers imagé à la couleur de la vie d’avant dans les royaumes africains.
4. Le sujet
Les lyrics ne sont pas fameux, même pas innovants d’ailleurs, mais la direction artistique du morceau leur donne une certaine valeur. Le thème est pratiquement le même que celui de « Et p8 koi? » , ou même de « monshung« . Entre quelques coups de gueule, des comparaisons et de l’égo-trip, on ne retrouve vraiment pas d’innovations dans ses paroles. Il rassemble des clichés multiples qu’il décline en phrases détachées pour avoir un couplet. »Même si sa touche Mboko est toujours forte« , jovi semble devenir un pro de la rhétorique creuse qui remet en boucle les sujets. Le délire est intéressant mais trop de gimmick et peu de bons lyrics pour un morceau RAP.
Notation : 08,5 pour la création musicale et la performance.
Ma question reste: ce morceau ira où même? l’album qui arrive là ira où même?