Affaire « New Bell Music-Orange », tirez des leçons. Entre « Mongshung »et « Noyade dans la sauce »

Rappelons que les joueurs de l’équipe nationale Camerounaise de football ont donné de l’ampleur à cette expression durant la dernière CAN en l’utilisant comme slogan de victoire, mais pas dans le sens premier que Reniss lui avait donné. C’est de cette signification que l’entreprise de télécommunications a tiré son épingle pour son slogan publicitaire.

C’est par des posts assez sarcastiques de Jovi sur les réseaux sociaux que la nouvelle est tombée le 21 février dernier. Des posts vilains dans lesquels il s’exprime de la façon la plus vulgaire qui soit,en montrant son énervement et insultant orange.

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Suite à ces posts, la fameuse webosphere s’y est fortement mêlée, la plupart soutenant Jovi, certains allant même chercher des textes d’appui pour justifier qu’Orange est dans le tort. C’est le cas du rappeur Krotal.

Je ne suis pas un expert du droit, qu’il soit fondamental ou spécifiquement lié à la propriété intellectuelle. Mais à mon avis, dans ce post Krotal se contredit lui même, car ici on parle bien de l’expression « Dans la sauce » et non de la chanson « La sauce » qui est oeuvre artistique créée par Reniss. Aussi, il convient de noter que l’usage fait par Orange de ces termes n’a pas la même signification.  De plus, rappelons que selon les textes de l’OAPI, organisme mieux placé territorialement pour apporter des appuis sur cette affaire; « on n’est pas auteur ou créateur d’une idée mais d’une oeuvre « .

Et même si l’on voyait les choses dans ce sens….

On peut voir sur l’image les lions indomptables avec une marmite au milieu d’eux, sortant de la fumée et quelques d’eux avec des condiments. Cela renvoie littéralement au « Piment dans la sauce » de Reniss. Mais il faut noter que sémantiquement le morceau de Reniss a une double connotation. A la base le morceau parle de sexe, « Les hommes aiment les femmes à cause de la sauce « , la sauce compris ici comme le liquide jouissif de la femme prête à engager le sexe. Aussi « plantain dans la sauce » peut renvoyer à penis dans le vagin. De plus dans son morceau il y a des métaphores qui montrent qu’elle utilise la nourriture pour parler de sexe… « When soup don bole, massa fufu no di pass » cad « Quand la sauce est finie, le fufu ne passe pas« . Interpretation « Quand la femme n’est pas excitée le penis de l’homme ne peut pas la pénétrer ».

Par contre chez les lions, la comparaison est différente, ici « Dans la sauce » veut dire « Vaincus par nous ». Le Gabon dans la sauce, Senegal dans la sauce etc…

Reniss est à l’origine d’un concept populaire qui a pris plusieurs déclinaisons aujourd’hui, justifier la paternité de l’idée relève de l’abstrait.  Elle n’a pas inventé ces mots ou cette expression, elle lui a donnée son sens, chose que les lions ont aussi fait. On peut bien dire que « Orange a mis New bell music dans sa propre sauce ». Comme dirait l’autre « Tout ça mon gars c’est le mongshung »

Toutefois cette affaire soulève un gros problème sur lequel j’interpelle depuis plus d’un an: celui de l’encadrement juridique du domaine musical au Cameroun, en particulier des musiques urbaines.

Comme je l’ai précédemment dit , je ne suis pas un expert du droit, et mon objectif à travers ce billet n’est pas de traiter le cas de façon juridique. Il me souvient d’avoir écrit plusieurs fois dans mes articles que l’un des piliers qui permettra à la Mboa Urban Music de se développer c’est son encadrement juridique. Certains m’ont traité d’acerbe, de dérangeur et même d’ignorant. Mais j’avais raison. Ce cas de New Bell Music le prouve.

A lire : Bilan #MBOAMUSIC (Jan- Mars 2016)_Part 2 : Les défis de l’année 2016

Fallait t’il attendre cette affaire pour s’intéresser au Droit d’auteur dont personne ne parle depuis?

C’est triste, déplorable et même honteux de remarquer qu’au Cameroun, des labels de musique pullulent mais, peu d’eux en connaissent sur les droits de la musique. Il faut s’asseoir et essayer d’organiser votre milieu, notre milieu. Les buzz et autres c’est bien beau, mais c’est comme si l’on courrait dans le sac. Comment peut t’on bâtir une industrie musicale avec pour modèle économique des cachets saisonniers ? et quand l’artiste n’en aura plus, que deviendra t’il?

J’écoute de nombreux spots publicitaires chaque jour dans lesquels sont utilisées les chansons d’artistes parmi lesquels Reniss et même le fameux Jovi qui se plaint pour une expression reprise. Qui a déjà fait quoi par rapport à cela? Voilà un couloir par lequel on abuse des artistes, et il y en a plein d’autres. Le droit d’auteur n’est pas le seul compartiment qu’il faut ébranler. Qui est label au Cameroun? Quels sont les caractéristiques conférant le titre d’artiste ou créateur d’oeuvre au Cameroun? Qu’est ce qu’un cachet ? Qui sont ses ayant droit? Quelle est la répartition des profits et titres sur l’usage d’une oeuvre musicale? Comment assurer la distribution de l’oeuvre et le contrôle de sa reproduction?

Voila quelques questions parmi une multitude, qui restent sans réponse. Toutes liées à l’aménagement d’une vraie politique juridique de notre musique.

Pour finir, JE PENSE que Jovi a mal agit par ces posts, il a montré qu’il n’en connaît pas grand chose. Ensuite il a porté le discrédit sur une marque à travers ses propos. Connaissant sa fan base qui est grande, Orange en a sûrement prit un gros coup en terme d’estime. Certes c’est de la récupération, mais n’est t’elle pas légitime?  Voyons la chose à l’inverse , Jovi pourrait être poursuivi pour injures, diffamations, allégations gratuites. Ce qui mènerait à la réparation des torts plutôt qu’un arrangement à l’amiable comme cela aurait pu être fait s’il avait usé de la bonne méthode.

Toutefois, il y a des personnes bien plus averties que vous et moi pour traiter ce cas. En attendant de voir ce qui se passera, j’espère avoir été compris. Bon entendeur salut !

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