1993, André Marie Tala sortait le titre « Bendskin » qui est devenu un des plus grands patrimoines de la musique camerounaise. Cette chanson qui vulgarisa le rythme qui deviendra l’une des plus grandes inspirations de la musique Afropop d’aujourd’hui.

25 ans après, le rappeur Boy Tag poursuit la légende et nous rafraîchit ce morceau à travers un sampling adapté à une version Hiphop Trap. Le refrain gardé avec les chœurs originaux du morceau, Boy Tag a ajouté comme compléments les sub bass, les percussions et la reprise de la mélodie en. Bref toute une transposition dans un autre style. Ce que j’appelle le Trap Ben’am. En effet c’est ça le réel AfroTrap. Et pour ceux qui ne le savent pas le Bendskin et la musique Trap Bass jouent exactement dans les mêmes temps. Ceux sont des rythmes qui s’associent facilement. Peut-être la Trap serait venue du Bendskin? Mais c’est juste une éventualité.

Boy Tag nous offre  un univers assez spécial dans lequel peu d’artistes de sa génération se pénètrent. Valoriser la culture et l’histoire, mettre à jour les légendes. Il l’avait déjà fait « Mignoncité » reprise du classique de Guy Watson. J’ai un kiff personnel pour ce nouveau morceau car je fais partie ceux là qui pensent que les succès d’hier peuvent faire les succès d’aujourd’hui. J’avais d’ailleurs produit un article intitulé La discothèque de papa : banque des futurs succès de la Mboa music

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Boy Tag nous explique que le titre « Talla » donné à ce morceau est un hommage au Chanteur, mais aussi une façon pour lui de montrer son aspiration à devenir une légende. Il réclame ce flambeau et se présente comme un futur « Talla », une future légende. En langue bamiléké (dans la mifi) « Talla » veut dire le père du village. Dans son texte ce dernier touche les mœurs en mentionnant quelques clichés, qu’il dissout dans de l’égotrip. Son but est surtout de dire aux hommes de ne pas jalouser les autres, critiquant l’hypocrisie et la médisance dans son texte.  Meme si on peut noter un léger déphasage avec le message de base porté dans les paroles d’André Marie Tala. Mais on constate une convergence sur les sujets car le titre « Bendskin » raconte l’histoire d’une femme qui s’est perdue par cupidité et infidélité.

Niveau performance

Du Français, du Pidgin, du Medumba, trois langues en un morceau. Fédérer les publics et marquer par une empreinte identitaire. Musicalement, on peut dire qu’il a réussi à conquérir l’instru. Rap plein d’énergie, rimes plates pour la plupart, plus fun que technique, on a cette fourgue du rappeur phaseur qui engage ses humeurs en jouant avec son flow. Très animé et varié autant que le beat lui-même.

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Le clip de ouf!

Réalisé par Dr Nkeng Stephens avec la présence d’André Marie Tala qui a fait le déplacement pour Buea où a été tourné le clip. Original, moderne, décalé, caricatural et rêveur, on navigue entre quatre univers à la fois. Le hip-hop bling bling (Le rappeur en blanc, Ghetto Blaster et les gos sexy)- la télé des années noir sur blanc (La télé qui montre le danseur de BendSkin)- l’AfroCulture (Valorisation du patrimoine, les maisons en terre battue, les personnages en tissu Ndop, la danse du BendSkin exécuté par les danseuses) – l’aspiration (Les scènes en noir et blanc dans lesquelles on retrouve Tala André Marie et Boy Tag). Une vidéo originale et synchro avec le la canevas du morceau. Comme nous a dit Boy Tag, je cite « Dr Nkeng dit que mes musiques l’inspirent beaucoup ».

Boy Tag montre un exemple en allant puiser dans la discothèque de Papa, en revalorisant les succès d’hier, et y apportant de la valeur ajoutée et une nouvelle coloration. Je pense  d’ailleurs qu’il devrait rester sur ce credo qui, jusqu’ici lui va bien.

Note d’écoute: 8.7/10

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